Les Néo-plifiens

Ann Smith est néo-plifienne et comme eux, elle pratique l’art éphémère sous la forme d’œuvres ou encore de performance. Elle peint des toiles sur les électroménagers. Elle croit à un fusionnement intégral et universel de tous les arts, de toutes les sciences; à une planétisation des émotions et des sentiments. Elle construit des portes pour ouvrir les rêves. Elle sait qu’elle doit réapprendre à voir, à sentir, à entendre, à toucher, à goûter : nil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu. Pour elle, un artiste n’a pas à être défini; n’a pas de définition.

Ann écrit des poèmes sur des cailloux qu’elle dépose ici et là, au hasard des chemins qu’elle emprunte. Elle cache une bille dans une des poches de ses vêtements au cas où
elle rencontre un enfant perdu.

Ann écrit des poèmes avec une branche de bouleau jaune, sur le sable des plages, sur les vastes étendues des champs de neige. Surtout, elle transporte avec elle, un petit sac de guimauves multicolores. Une fois la rédaction de l’œuvre terminée, elle dépose les friandises sur la surface de son lait blanc au chocolat. Elle contemple les mots une dernière fois.

Des centaines de figurines sont déposées dans tous les recoins de son appartement, de son atelier, des endroits publics qu’elle fréquente. Ses amis sont invités à les déplacer, à leur donner un sens… à leur donner vie. À l'occasion, elle leur donne un bain de figurines. Toutes regroupées dans le lavabo, cela leur procure du bonheur.